J’expliquais hier que j’avais été interpellé, en lisant L’Alchimiste, par l’importance que Paulo Coelho accordait aux signes. Mais le noyau de ce roman est sans nul doute la notion de légende personnelle. Il suffit d’ailleurs de faire une recherche sur Internet de cette expression pour être convaincu de son importance. En ce premier mai (promis, c’est la dernière fois que j’évoque cette date 😉 ), j’étais donc en train de lire L’Alchimiste, de découvrir cette notion de légende personnelle et de me demander quelle pouvait être la mienne. Quand j’étais enfant, j’ai été marqué par un strip dans Le Journal de Mickey, qui montrait un savant occupé autour de son microscope. Je n’eus dès lors plus aucun doute, je serais savant ! Adolescent, j’ai vite délaissé la biologie et la chimie au profit des mathématiques et de la physique. A l’époque, mon idole s’appelait Albert Einstein ! Après mes humanités, j’ai donc fait une licence en physique. Hélas, je voulais poursuivre par un doctorat, mais marié et très vite père de famille, j’ai abandonné cette filière insuffisamment rémunératrice au profit d’une carrière d’enseignant. Quelques années plus tard, après avoir obtenu une maîtrise en informatique, j’ai repris le chemin de la recherche universitaire, espérant obtenir cette fois un doctorat en informatique. Hélas, pour la deuxième fois, j’ai renoncé à ce que j’appellerais maintenant ma légende personnelle. Sans doute par manque d’opportunités professionnelles, mais surtout, je dois bien le reconnaître, par déficit de confiance en moi et d’opiniâtreté. Je suis donc retourné dans l’enseignement, où j’ai terminé ma carrière. Alors que je suis maintenant pensionné, il est bien évidemment hors de question d’encore imaginer obtenir un doctorat. Aurais-je donc raté ma légende personnelle ? Paulo Coelho n’aborde pas ce problème, de la personne qui, la mort dans l’âme, doit renoncer à accomplir sa légende personnelle…
Ou peut-être me serais-je trompé de légende personnelle ? Quand j’étais jeune, il n’y avait pas que les sciences qui me passionnaient ! J’étais également un inconditionnel de la littérature, enchaînant les lectures les unes après les autres. Mais pourquoi se cantonner à la lecture ? J’ai aussi été très tôt fasciné par l’écriture. Je me souviens avoir commencé à écrire ma première oeuvre de fiction vers l’âge de sept ou huit ans. Hélas, je me suis arrêté au bout de trois phrases… Les années ont passé, et je me suis très souvent rêvé écrivain. Hélas, j’ai toujours été trop velléitaire pour dépasser le stade de l’écriture de quelques nouvelles. J’en étais là dans mes réflexions, ce mercredi premier mai, quand j’ai entendu au journal parlé l’annonce du décès de Paul Auster. Voilà un auteur que j’aime beaucoup, même si je suis loin d’avoir lu toute son oeuvre. Il y a quelques années, j’ai même acheté son récit autobiographique Pourquoi écrire. Traitez-moi de fou si vous le voulez, mais je ne peux m’empêcher de penser que toutes ces synchronicités sont le signe que ma légende personnelle consiste peut-être en l’écriture, et qu’il n’est donc pas définitivement trop tard pour l’accomplir !